Depuis notre arrivée, voilà maintenant 5
semaines, nous vivons dans une famille maya.
Une formidable famille. Nous y sommes accueillis comme des rois. Et pour nous la vie est belle. Il faut dire que nous nous adaptons bien au
milieu et que pour nous, vivre dans un milieu où il n’y a pas de siège de
toilettes (il est donc impossible pour les hommes et les femmes de faire une
dispute sur qui l’a levé, ou qui l’a baissé), que le drain du lavabo arrive
dans la douche avant de s’échapper, que les femmes jouent le rôle de nos
grands-mères, que la religion tient une place importante dans la vie de la
communauté, que la viande chez le boucher est accroché devant nos yeux à l’air
libre et qu’elle dégage son odeur… tout ça on était prêt à ça. Et même plus
encore.
façade typique de maison ou de commerce au Guatemala. Jésus est partout! |
La première fois que j’ai dormi chez mon petit
copain, je devais avoir 16 ans… À 17 ans, il m’est certainement arrivée de ne
pas rentrer coucher à la maison. Et de ne pas avoir tout à fait avoir averti mes parents. Du coup, j’avais mon appartement pour mes
études au Cégep. Mais bon, quand s'est arrivé les parents étaient fâchés, on avait droit à un petit sermon... on faisait signe qu'on avait compris les doigts croisés dans le dos!!!
Cette semaine, la plus vieille est sortie avec
son copain pour fêter la Saint-Valentin… et n’est pas entrée coucher. Le
lendemain matin, lors du déjeuner, la maman nous explique que sa fille n’est
pas entrée de la nuit, et que c’est très mal.
Comme nous sommes dans un famille qui va religieusement à l’église… nous
comprenons que la demoiselle, n’étant pas mariée avec son copain (avec qui elle
est depuis 3 ans) vient de faire un acte contre les valeurs de la famille et
que celle-ci n’aurait pas dû faire ça.
Comme la relation avec la famille est bonne,
nous (québécois que nous sommes) ne nous formalisons pas trop de la situation. On
trouve pratiquement normal que la demoiselle ait voulu passer du temps avec son
amoureux le soir de la Saint-Valentin et que ce dernier ait réussi à la garder
près d’elle pour la nuit. Nous disons
alors aux parents que pour nous, à 19 ans, c’est plutôt normal (et même avant).
Et là, la maman dit, « mais elle savait
que j’avais une grosse journée aujourd’hui et une grosse semaine de travail,
elle n’aurait pas du faire ça ». Et
puis, elle explique qu’elle n’a pas pu dormir de la nuit, ni son mari et sa
plus jeune fille. Ils ont tenté de
l’appeler, mais elle avait fermé son téléphone.
Comme les familles sont tissées serrées,
la sœur de la maman vient à la maison. Ça y
est, je me sens comme dans une histoire que me racontait ma mère sur les bonnes
manières de son temps.
Et voilà, le père fait quelques blagues, nous
en faisons ensemble sur la jeunesse… Et à un moment, de toute mon innocence je
dis, qu’il ne faut surement pas s’inquiéter qu’elle reviendra bientôt, comme il
s’agit d’une jeune fille responsable, elle sera là dans quelques minutes.
Et vlan… c’est ici que notre compréhension culturelle
s’arrête… Et bien non… elle ne reviendra plus.
Elle est partie vivre avec son amoureux. Une demoiselle qui part avec
son copain et qui ne dort pas à la maison sans avertir ne peut plus
revenir. Ça signifie qu’elle est partie
vivre avec. Et vlan… et elle n’est pas
encore revenue… et ne reviendra probablement jamais plus. Nous ne pouvions pas
comprendre la grandeur du drame avant de savoir vraiment ce que vivaient les
parents de cette enfant.
Et voilà pour EL CHOQUE CULTURAL »
1 commentaire:
comme cela me rappel ma jeunesse, J'ai sûrement dû humilier mes parents. Il faut du temps pour changer, pour accepter l'inconcevable. Liliane
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